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Reste avec nous Seigneur ; le jour baisse et le soir approche

Luc 24:13-32; 2:25; Matthieu 16 : 13 – 23

Les disciples sur le chemin d’Emaus marchent avec Jésus sans pour autant le reconnaître. Ils le confondent à un simple pèlerin mais Jésus qui mesure le niveau de leur frustration les rejoint sur leur chemin.

Ils ont quitté Jérusalem et ils se dirigent à 12km de la ville de Jérusalem sans trop savoir pourquoi ils y vont. Jésus qui les trouve en train de discuter les trouve tout triste ; il voyage avec eux, marche à leurs côtés et parle à eux certainement pour soulager leur souffrance, mettre fin à leur confusion et leur peur et surtout les guérir du choc qui s’est abattu sur eux. Dans ce sens, Jésus, semble-t-il, les trouve choqués, mieux traumatisés. Comment va-t-il s’y prendre pour les detraumatisés ?

Il va utiliser l’écoute active comme approche parce qu’il va les laisser vider leurs sacs c’est – à – dire exprimer ce qui les a choqué et déboussolé.

Les disciples vont l’exprimer à 4 niveaux :

  1. Reconnaissant que Jésus agissait et parlait avec puissance devant Dieu et devant tous les peuples, ils le prennent pour un prophète venu de Dieu.

Comme va le dire aussi Pierre, dans sa prédication en Actes 2 :22. Selon lui, les miracles, les signes et les actes extraordinaires que Jésus accomplissait au cours de son ministère attestaient que Dieu était en action pour approuver que c’est lui qui l’avait envoyé. Malheureusement et c’est là le premier choc, les chefs des prêtres et dirigeants juifs, ont pris Jésus pour un faux prophète ou un prétendu messie. Non seulement ils l’ont fait arrêter et condamner à mort mais aussi ils l’ont cloué sur une croix.

  1. Le deuxième choc, la mort du Christ plonge les disciples dans la confusion totale parce qu’ils avaient espéré que c’est lui qui délivrerait Israël de l’occupation romaine. Pendant plusieurs années Israël a attendu l’intervention de Dieu pour délivrer le peuple. Zacharie le dit en Luc 1 : 68-71, Siméon aussi qui attendait la consolation d’Israël l’exprime :Luc 2 :25. Que Jésus soit mort cela met fin à ce à quoi ils espéraient que Dieu ferait à travers lui.
  2. Le silence de Dieu c’est – à – dire sa non intervention au regard de la manière dont son fils bien aimé, envoyé par lui, ait été traité injustement. Trois jours durant les disciples attendaient que Dieu fasse un geste ; il n’y en a pas eu ! Ce qui arrive souvent face à des situations qui nous déroutent, nous utilisons la prière comme un bâton magique pour changer le déroulement des choses. Pourtant si elle n’est pas fondée sur les promesses que nous avons reçues directement de Dieu nous risquons d’être frustrés quand il n’est pas intervenu directement. Les illusions que nous nous faisons ou les fausses espérances que nous nous construisons sans fondements sur les écritures constituent un danger pour nous.
  3. Les disciples n’ont pas crus aux témoignages des femmes, interpellés par les anges très tôt le matin au tombeau : « pourquoi cherchez – vous parmi les mort ce qui est vivant ? Rappelez-vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée ». il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour. (Versets 5-7).

Alors que l’ange a clairement dit aux femmes : « il n’est plus ici, il est ressuscité » et que celles-ci ont rendu exactement ce témoignage, les disciples n’y ont pas cru tout simplement parce que lui, ils ne l’ont pas vu. On se rendra compte que 7 versets (18-24) dans ce récit occupent le niveau du dévoilement de la frustration des disciples choqués par les événements d’il y a trois jours mais aussi et surtout, et c’est ce que Jésus va faire remarquer ; ils sont tout simplement lents à croire à ce que les prophètes ont annoncé et ce que le Christ lui-même a annoncé au sujet de sa mort et sa résurrection.

Nous sommes ici en présence de la raison fondamentale de la frustration des disciples. Jésus n’a jamais manqué d’insister sur le fait qu’il n’est pas un messie politique mais plutôt un messie qui passera par la mort. Cfr Luc 9 :22-44 mais aussi Matthieu 16 :13-23 où Pierre représente la conception des disciples au sujet du messie qu’ils croyaient ne pas venu pour mourir mais pour régner. Jésus l’a même repris lorsqu’ils tentent de le détourner de la voie de la souffrance en montrant que les pensées de Pierre ne sont que du diable.

Pour guérir les disciples, Jésus réoriente l’attention des disciples sur les écritures en commençant par Moïse, en parcourant tout ce que les prophètes ont dit (Esaïe 7 :14 ; 9 :6 ; 40 :10-11 ; 53 Ezéchiel 34 :23 ; Miché 7 :20 ; Malachie 3 :1) ; Jésus fait une interprétation des écritures pour aider les disciples à construire leur foi sur la parole de Dieu sans quoi ils risquent de se construire des fausses et trompeuses espérances. La référence aux écritures et non à la nécessité de voir le ressuscité va désormais rendre l’absent présent toutes les fois que la parole est enseignée et étudiée sérieusement parce que les disciples eux-mêmes vont reconnaître : « n’avons-nous pas senti comme un feu dans notre cœur pendant qu’il nous parlait et qu’il nous expliquait les écritures ? » le Christ ressuscité dont les yeux sont rendus incapables de le reconnaître est réellement vivant, bien présent à leur côté pour les aider à le reconnaître qu’aux travers de ce que les prophètes ont enseignés et ce que lui-même a enseigné au sujet de sa mort et sa résurrection qui, en fait, est une nécessité pour le salut du monde entier.

De même aujourd’hui, le ressuscité sera présent, pas physiquement, mais sa présence est rendue réelle lors de la célébration de la cène parce qu’après avoir été touchés par la parole ou l’explication des écritures par le Christ ressuscité, ils ont dit avec insistance : « reste avec nous Seigneur ; le jour baisse, le soir approche ». Un besoin qui doit être exprimé par chaque croyant dans des situations de frustration qui nous envahissent, des moments d’angoisse pour lesquels nous avons des raisons ou des espérances que nous nous sommes formulés mais qui n’ont pas abouti.

Le ressuscité, si nous nous laissons conduire par sa parole, pourra nous préserver des fausses prophéties qui pullulent dans nos milieux à travers des « serviteurs » non avertis qui désorientent ceux-là qui se laissent trompés par des révélations sans fondements bibliques formulés par ceux qui trafiquent aujourd’hui l’évangile.

Rév. Pasteur Vincent MUDERHWA

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