Mt 5,13-16
A la lumière des enseignements de Jésus en Mt 5,13-16, le croyant a une double vocation, celle de sel de la terre et de lumière du monde. Pourquoi Jésus choisit d’utiliser la métaphore de sel et celle de lumière pour définir l’identité du disciple à la suite des versets 11 et 12? Il est conscient que les disciples ne manqueront pas de souffrir le rejet de la part de ceux qui ne reconnaissent pas leur maître et par conséquent ne les reconnaissent pas eux-mêmes. Ils seront insultés et persécutés à cause du leur maitre (v.11). C’est dans la mesure où ils se reconnaissent heureux malgré ce rejet qu’ils ne manqueront pas, malgré tout, à être le sel de la terre et la lumière du monde.
L’image du sel à laquelle Jésus recourt, cherche à définir le rôle que doit jouer le disciple du Christ dans le monde. On se souviendra que l’alliance de sel en Lévitique 2,13 qui stipule « sur toute offrande que tu présenteras, tu mettras du sel ; tu n’omettras jamais le sel de l’alliance de ton Dieu sur ton offrande ; avec chacun de tes présents, tu présenteras du sel », il est évident que le sel a comme signification, assurer la pérennité d’un pacte signé entre deux parties.
En tant que sel, le croyant doit donner d’une part de la saveur à son environnement et d’autre part conserver le monde dans une alliance de vie et de communion avec Dieu, alliance signée au travers de l’œuvre du Christ à la croix.
Comme le sel purifie, préserve et améliore la saveur de la nourriture, les croyants ont comme rôle d’influencer la société et faire de la terre une meilleure et saine place où il convient de vivre. Dans le cas où les croyants manquent de l’influence, leur présence dans le monde est inutilisable. C’est le risque que risque de courir le croyant qui perd sa saveur. Sachant que le chloride de sodium – le sel commun – ne perd jamais sa saveur, comment le sel peut-il vraiment perdre sa saveur ? Il semble que, du temps de Jésus, le sel utilisé en Palestine, lorsqu’il était exposé à l’humidité, le chlorure de sodium fondait et seuls les cristaux non salants restaient.
Le croyant qui perd la qualité de procurer de la saveur à son entourage a fait fausse route parce qu’il ne réussit pas à remplir la mission qui lui est fondamentalement attribuée. Dans ce sens, il ne sert à rien mais il est bon à être jeté et piétiné.
La deuxième image attribuée aux disciples, c’est celle de la lumière. L’église, comme nouvel Israël, est appelé à remplir la mission à laquelle le peuple de Dieu avait failli. Selon Esaïe 60,1-3, la vocation de Jérusalem, sur qui se lève la lumière et resplendit la gloire du Seigneur, consistait à attirer d’autres peuples vers Dieu et être tout aussi « lumière des nations » (Esaïe 42,6 et 49,6). La lumière transmise par les disciples aux autres n’est pas leur propre lumière mais vient de Jésus, la lumière du monde, qui éclaire le monde de sa lumière à travers eux dans la mesure où ils restent connectés à la vraie lumière qui seule peut illuminer le monde.
Comme la nature de la lumière consiste à illuminer, d’apporter une certaine guidance dans les ténèbres, de même les croyants doivent opérer dans la lumière par le bien qu’ils font et des œuvres bonnes qu’ils posent, c’est-à-dire des actes de miséricorde et de compassion vis-à-vis des marginalisés, les déshérités, les laissés-pour-compte, les orphelins et les veuves.
Il ne s’agit pas d’exhiber une certaine vertu mais de montrer une piété profonde par des actes posés qui viennent d’un cœur réellement transformé. Comparés à une ville construite au sommet d’une montagne et qui n’échappe pas aux regards et à une lampe dont la lumière doit éclairer tous ceux qui sont dans la maison, les chrétiens sont invités à dépasser toute tiédeur pour rendre un témoignage percutant en vue de permettre à l’Evangile de rendre un témoignage suffisant.
Rév. Pasteur Vincent Muderhwa